Depuis plusieurs semaines, les habitant.es des différents bidonvilles de Montpellier vivent un véritable cauchemar.
05/08/21 : Incendie dans le bidonville du Mas Rouge 1
31/08/21 : Expulsion des bidonvilles du Mas Rouge 1 et Mas Rouge 2. En fin d’après midi, incendie dans le bidonville de Zénith 2.
08/09/21 : Expulsion des bidonvilles dits « Zénith 2 » et « Zénith 3 »
16/09/21 : Incendie dans le bidonville dit « Nina Simone »
De plus, les habitant·es de plusieurs bidonvilles nous rapportent la venue, la nuit, d’hommes cagoulés et portant des armes les menaçant. Des coups de feu auraient été tirés, la police appelée. Ces éléments concordants ont été rapportés de bidonvilles différents à la fois à La Cimade et AREA.
- Situation des personnes
Sur les 250 personnes(110 enfants) concernées par les expulsions (soit presque 1/3 des habitant·es des bidonvilles à Montpellier) seule la moité a été « mise à l’abri » par les services de
l’État via le 115. Il s’agit de chambres d’hôtels souvent crasseuses, sans cuisine et impropres à la vie familiale.
Les autres personnes (des hommes, des femmes, des enfants…) sont à ce jour sans solution : à la rue, dans d’anciens bidonvilles, sur de nouveaux bidonvilles, chez des proches ayant accédé au logement d’insertion en sur-occupation risquant de mettre en danger le maintien dans le logement de ces proches.
Ainsi, nous croisons régulièrement une personne âgée de plus de soixante ans que nous accompagnons depuis 5 ans et qui dort sous un abris-bus boulevard Gambetta. Les travailleurs sociaux sont ainsi amenés à expliquer à des enfants de douze ans qui dorment avec leurs parents sous les ponts du Lez que le 115 n’a plus de place pour eux.
Un jeune garçon de dix-sept ans ainsi que son frère de dix-neuf ans dort square Planchon, lieu connu pour son insécurité.
Les personnes n’ayant pas eu de solutions à l’hôtel sont contraintes de vivre sur d’anciens bidonvilles, comme cette femme anciennement victime de violences, amenée à vivre à côté de son bourreau.
Certaines familles se sont mises à l’abri chez des proches ayant accédé au logement adapté ou d’insertion (SIAO), logements en sur-occupation et risquant de mettre en danger le maintien dans le logement de ces proches.
Déjà quatre nouveaux bidonvilles, plus dissimulés, plus éloignés de la ville se sont créés.
Ce sont parmi d’autres, quelques-unes des situations subies par les personnes expulsées par les autorités.
Au-delà des conséquences directes de ces expulsions, nous percevons d’ors et déjà les conséquences indirectes sur les processus d’insertion entamés par les personnes.
Le jeudi 2 septembre, jour de la rentrée scolaire, 21 enfants du Mas Rouge 1&2 étaient attendus à l’école primaire. Seuls trois sont venus. Pourtant, ces mêmes enfants, le jour de l’évacuation, sauvaient leurs cartables des décombres.
De nombreux ménages vivant en bidonville sont insérés professionnellement et ont une demande de logement adapté ou d’insertion en cours (via le SIAO). Pour ceux qui sont mis à l’abri à l’hôtel comme pour les autres, cette insertion socio-professionnelle est mise en péril. De la même manière qu’il est difficile de se rendre à l’école quand on ne sait pas où l’on va dormir, il est compliqué de maintenir une insertion professionnelle lorsque l’on ne connaît pas la durée de cette mise à l’abri ou que l’on ne peut pas prendre une douche. La nature même de cette précarisation accrue des ménages rend extrêmement difficile le maintien de cette insertion.
Depuis le début de ces événements, l’équipe d’AREA n’est plus en mesure d’effectuer le travail social qui est sa mission (médiation santé, accompagnement à la scolarisation, insertion socio-professionnelle, accompagnement vers le logement…). Les travailleurs sociaux sont uniquement occupés à répondre à l’urgence : permettre à ces femmes, hommes et enfants, d’avoir un toit.
- Situation juridique
Les habitant·es ont porté plainte à la fois pour les incendies et les menaces.
Deux audiences de référé auront lieu lundi 27 septembre, au tribunal judiciaire, à partir de 9h. Il s’agit du report de celle de TGV Sud (qui aurait dû avoir lieu ce matin) où l’avocate de la Mairie s’est engagée devant le greffier à ce qu’il n’y ait pas d’expulsion avant lundi.
L’autre audience concerne le bidonville de Nina Simone, où a eu lieu l’incendie jeudi. C’est la même démarche juridique que pour TGV Sud : il s’agit de demander des délais.
- Institutions
Le Préfet, au vu du travail social engagé sur Nina Simone, accepte de reporter l’expulsion à dans 3 semaines, le temps de mettre en place un logement intercalaire. Nous travaillons sur ce sujet avec la FAP et la DDCS.
Concernant la Mairie, les associations qui interviennent sur les bidonvilles (Cimade, Médecins du Monde, AREA) et la Fondation Abbé Pierre ont demandé une audience au Maire.
- Les demandes des personnes concernées et des associations
L’accès pour toutes les personnes à des solutions de logement dignes.
Une réelle enquête pour que soient trouvés les responsables des incendies et des menaces.