Montpellier : vers une nouvelle politique de gestion des bidonvilles et des squats

Métropolitain du 16/12/2020 : https://actu.fr/occitanie/montpellier_34172/montpellier-vers-une-nouvelle-politique-de-gestion-des-bidonvilles-et-des-squats_38131368.html?fbclid=IwAR0-rr1mvYoVDzrS-_SO3Y7zxvKr8KM9Ng43CUHTQR31mbG7qr4BjpZoYDk

Par Cédric Nithard Publié le 16 Déc 20 à 7:46 

La Ville de Montpellier veut travailler avec les associations, qui oeuvrent au contact des habitants des bidonvilles et des squats.

L’annonce vendredi d’une solution commune entre la Ville et le collectif Luttopia pour le squat des Archives semble ouvrir une nouvelle voie à Montpellier dans la gestion des squats et des bidonvilles. Ce qui a été confirmé au conseil municipal lundi.

C’est désormais main dans la main que la Ville de Montpellier veut travailler avec les associations, qui oeuvrent au contact des populations vivants dans les bidonvilles et les squats.

« Il y a 13 sites et près de 900 personnes. Force est de constater qu’ils font parties du paysage Montpelliérain » regrette Caroline Dufoix.

« Faire évoluer une situation inacceptable »

Si la déléguée à la résorption de l’habitat indigne sait sa mission compliquée, elle défend dans la nomination d’un élu à celle-ci « le signe fort d’une volonté de prendre le problème à bras le corps ».

Rappelant les enjeux sociaux et sanitaires pesant sur les habitants des bidonvilles, Caroline Dufoix souligne « une problématique marquée par sa transversalité et qu’il faut aborder d’une façon systémique et collective en prenant en compte et en respectant les particularités de chaque bidonville, leur organisation spécifique ainsi que les modes de vie culturelle communautaire qui y sont développés sinon nous ne ferons que déplacer le problème ».

« Six ans de retard »

Clare Hart, désormais dans la majorité municipale, a d’ailleurs fustigé : « Nous avions interpellé  de manière dépassionnée et constructive l’ancienne gouvernance sur ce sujet dès le début du mandat précédent. Sujet qui nous paraissait critique compte tenu de l’urgence humaine sociale et sanitaire. Nous n’avions pas été entendu et nous avons perdu six ans ». 

Très engagée sur le terrain, elle assure : « Notre ambition ferme est de faire évoluer une situation inacceptable. Nous avons des associations expertes sur ces questions et nous mettons tout le monde autour de la table, afin de trouver des solutions concertées ».

Plus de volontarisme « avec ou sans l’État »

Alenka Doulain pour Nous Sommes, rappelant que trois expulsions de squat s’étaient déjà produites, se réjouit de la solution trouvée avec le collectif Luttopia et se veut être « force de propositions en la matière. Lorsque vous menez une action politique qui mérite d’être applaudie, nous applaudissons. Cela implique aussi parfois que l’on vous invite à aller parfois plus loin ».

C’est pourquoi elle interroge : « Allez vous généraliser cette méthode avec quels moyens et quel timing ? Des expulsions il y en aura d’autres, mais le squat des Archives montre qu’une autre voie est possible » et d’imaginer en ayant recours à des habitats intercalaires « l’ouverture de tiers-lieu solidaires gérés en partenariat avec le tissu associatif  de cette ville qui se bat tous les jours contre l’exclusion. Il y a plein de projets imaginables ».

L’Élu écologiste Stéphane Jouault ira dans le même sens en appelant à davantage de volontarisme : « La solution de l’habitat intercalaire est une vraie réponse qu’une ville, avec ou sans l’État, peut apporter. Dans ce dossier, la préfecture à joué le jeu mais c’est la Ville qui a trouvé la solution pour un problème qui relève avant tout de l’État. Faisons avec ou sans l’État ».

Même tonalité offensive chez Clara Gimenez : « Ces deux délibérations montrent un chose que certains ont voulu nous faire oublier, une municipalité de gauche ce n’est pas pareil qu’une municipalité de droite. Une municipalité de gauche cela s’empare de ce genre de sujet et qui fait fraternité. Et là cela fait sens ». L’élue communiste appelle « l’État à prendre ses responsabilité dans la lutte contre la précarité ».

La stratégie de la municipalité

Julie Frêche défend : « Notre municipalité ne pourra être accusée de détourner le regard devant les détresses humaines. Nous répondons présents pour apporter de l’aide aux associations qui interviennent dans les bidonvilles. Nous nous tenons à distance de tout ceux qui instrumentalisent la détresse humaine, les yakafokon, les vidéos tournées pour faire sa propre promotion… Ici c’est 40 000€ de subventions pour aider les associations ». La Ville accompagne financièrement l’association AREA dans son projet de sanitation du bidonville Zénith 2 afin d’améliorer les conditions de vie des habitants.

« Loin du one-shot, sur chaque squat, chaque bidonville, un par an, nous aurons une stratégie pour que chaque personne ait accès à ses droits », prévient la présidente du groupe solidaire, écologiste et républicain, qui appuie ensuite avec conviction : « Aujourd’hui nous créons des relations de confiance pour instaurer un dialogue sain, constructif et respectueux de chacun en s’inscrivant dans le temps long, loin des effets des manches. Notre méthode c’est le dialogue sans invective, sans bruit médiatique, nous avançons et c’est un pas de géant que nous faisons aujourd’hui. C’est la méthode d’une gauche responsable de ne jamais jouer de la détresse des gens. Nous assumons nos responsabilités, notre territoire assume ses responsabilités ».

Michaël Delafosse a souligné que « tous les outils sont mobilisés pour essayer de mieux loger les gens : produire du logement social, encadrer les loyers, lutter contre l’habitat indigne, demain réguler Airbnb… c’est de la dentelle ». Quant aux sceptiques, le maire de Montpellier répond : « Évidemment cela ne va jamais assez vite, ce n’est pas assez et c’est beaucoup trop long, mais notre résolution est totale pour essayer d’avancer ».

Et si l’ampleur de la tâche et l’urgence sanitaire n’imposaient pas l’action, les associations seront là pour lui rappeler. Après le squat des Archives, il est désormais question de s’atteler au bidonville de Celleneuve