La médiation santé portée par AREA est intégrée dans le dispositif national de médiation santé piloté par la FNASAT (Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les Gens du voyage) avec le soutien du Ministère de la santé et l’appui méthodologique de l’Institut National de Prévention et d’Éducation pour la Santé.
L’accès aux dispositifs de santé est la première étape de l’insertion. En effet, il est vain d’accompagner vers l’insertion socio-professionnelle des personnes en situation de vulnérabilité et/ou avec des problématiques liées à la santé non résolues qui constituent généralement le premier frein à l’insertion.
La médiation santé est une interface entre les personnes vivant en bidonvilles à Montpellier et les institutions, dont l’objectif poursuivi est une meilleure connaissance réciproque. Il s’agit d’accompagner les personnes vers le droit commun en permettant aux institutions d’avoir un interlocuteur ad hoc.
Dans un premier temps, les orientations peuvent se faire via les entretiens semi-directifs menés par AREA lors des diagnostics effectués sur chacun des terrains d’intervention. Ensuite, ces orientations sont faites par les travailleurs sociaux d’ AREA ou des associations de terrain partenaires lorsque la problématique de la personne relève majoritairement de la santé. Enfin, au cours de ses maraudes sur le terrains, la médiatrice est amenée à prendre connaissance de situations qui nécessitent son accompagnement.
La médiatrice santé coordonne le parcours de soin en lien avec le médecin référent, met en place un dossier médical (fourniture d’un classeur dédié), de manière à éviter une redondance de consultations et d’analyses. L’objectif est d’arriver à ce que la personne soit suffisamment autonome pour gérer seule son parcours de soin, le professionnel de santé pouvant faire appel si nécessaire à l’interprétariat par téléphone.
La médiatrice santé est une animatrice de prévention qui possède à la fois la connaissance des publics ciblés et le fonctionnement des institutions du domaine de la santé . Par son travail elle créé une interface permettant une meilleure connaissance réciproque.
Pour ce faire, il s’agit d’amener les structures déjà investies sur les thématiques de santé à intervenir auprès des personnes vivant en bidonvilles. Les premières actions collectives peuvent avoir lieu sur le lieu de vie des personnes, mais l’objectif est que les personnes se déplacent dans les structures.
Selon Didier Fassin et al. (Les effets sociaux des maladies graves, Fassin, Aïach, Philippe, CRESP, INSERM, décembre 1996) la façon dont l’inégalité sociale et la précarité se marquent dans le corps, qu’il s’agisse de la maladie ou de ses conséquences, s’inscrit dans une temporalité multiple qu’il importe de prendre en compte si l’on veut parvenir à comprendre comment elles se constituent et se perpétuent. Cette temporalité s’exprime à travers trois dimensions :
1 – la transmission intergénérationnelle, où influent l’appartenance de classe sociale, l’origine culturelle ou encore l’histoire familiale. On s’aperçoit sur un même bidonville de différences importantes dans la préhension des pathologies : signe du destin ou observation factuelle objective par exemple.
2 – la socialisation individuelle qui s’exerce à travers le parcours d’un individu à l’école, dans un milieu donné, l’activité économique.
3 – la réalité contextuelle : milieu de vie à un moment donné de l’histoire individuelle, dispositifs sociaux ou/et sanitaires à disposition, accès aux droits, possibilités de soins….
Ces trois temporalités se renforcent ou s’atténuent en fonction des situations et chacune exerce une influence sur les conséquences de la précarité sur la santé ou l’aggravation d’un état de santé par la précarité.
La prévalence de certaines pathologies, les difficultés d’observance de thérapeutiques lourdes, le recours difficile au droit commun en matière de santé provient non seulement de la confluence de ces trois temporalités – puisque l’on peut isoler des différenciations au sein d’un même groupe « bidonville » – , mais également de difficultés de communication avec le monde médical ou para-médical : complexité de prendre en compte les conditions de vie pour traiter soit des pathologies lourdes (hépatites B par exemple) soit des douleurs chroniques (maux de dos, hernies discales…). Si la médiation santé ne peut agir dans le court ou moyen terme sur les transmissions intergénérationnelles ou les socialisations individuelles – ce qui sera possible dans le temps long par la mise en place d’outils collectifs – elle pourra en revanche faciliter l’accès des personnes aux médecins et par ses explications permettre de trouver les solutions les plus à même d’optimiser le choix des traitements, favoriser leur observance et autoriser une prise en compte de la précarité comme facteur agissant ou aggravant.