Ces bidonvilles qui vivent en marge de la ville – La Marseillaise

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Par  Hélène Gosselin

Dans les bidonvilles (Ici Bonnier de la Mosson)  vivent souvent plusieurs générations d’une même famille   
Photo gerard clement
 Dans les bidonvilles (Ici Bonnier de la Mosson) vivent souvent plusieurs générations d’une même famille 
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CAMPS, CAMPEMENTS, BIDONVILLES, DES VILLAGES PARIAS DANS LA VILLE, QUI LA JOUXTENT, LA CÔTOIENT, S’Y MÊLENT EN RESTANT EN MARGE. QUI VIT LÀ, DEPUIS QUAND, COMMENT, AVEC QUELS DROITS, QUELS ESPOIRS, QUEL AVENIR ? EN LANGUEDOC-ROUSSILLON, ENVIRON 865 PERSONNES VIVENT DANS UNE EXTRÊME PRÉCARITÉ DANS CES CAMPEMENTS DE FORTUNE, EN ATTENDANT DE POUVOIR S’INSTALLER DANS UN LOGEMENT, UN VRAI, ET PRENDRE UNE PLACE RECONNUE DANS LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE.

« La première chose qu’ils disent c’est : « On veut du travail »  », pose d’emblée Catherine Vassaux, de l’association Area, observatoire départemental des bidonvilles. La médiatrice s’applique à mettre les points sur les I et à défriser quelques idées reçues. « Il s’agit de bidonvilles comme il en existait dans les années 50-60 avec les immigrés italiens, espagnols, puis les Harkis. Ce sont des gens dans une situation d’extrême pauvreté et ce n’est en rien un choix de vie. Dire qu’il s’agit de camps roms ethnicise totalement la question alors que les bidonvilles n’abritent pas que des roms et cette façon de vivre n’est pas une spécificité culturelle. »

En France, au 31 mars 2015, le nombre de personnes vivant en squats et bidonvilles a été évalué à environ 19 600 personnes. Demandeurs d’asile, SDF, personnes de l’Europe de l’Est… Il ne s’agit pas de Gens du voyage, qui sont français et mobiles. Ils n’ont donc pas vocation à s’installer sur les aires qui leur sont réservées.

En Languedoc-Roussillon, 865 personnes vivent dans 24 campements. 700 d’entre elles dans l’Hérault, dans 9 campements dont 7 sont situés à Montpellier. A Sète, les anciens habitants du Mas Coulet ont investi un immeuble (lire page 5), à Béziers, la population du campement, principalement originaire d’ex-Yougoslavie, est très variable  : tandis que certains sont parvenus à acheter leur terrain, d’autres ont été expulsés. Enfin, Montpellier, qui compte 257 000 habitants, abrite 609 personnes dans sept bidonvilles, ce qui représente 0,2% de la population de la ville. 88% de leurs habitants viennent de Roumanie, 12% d’ex-Yougoslavie. Les uns sont citoyens européens, les autres non. Ce qui leur donne des droits différents.

Les seconds, venus d’ex-Yougoslavie, doivent obtenir une carte de séjour pour séjourner et accéder au marché du travail. Seule une minorité des ménages qui ont demandé le statut de réfugié politique ou d’apatride, a été régularisée. Les autres entrent dans la catégorie des « ni ni » : ni expulsables, car leur pays refuse de les reconnaître comme ressortissants, ni régularisables.

LEUR PERMETTRE D’ACCÉDER AU DROIT COMMUN

Pour les ressortissants européens, la loi du 1er janvier 2014 permet une libre circulation pendant trois mois et la possibilité de travailler. Leur insertion professionnelle est la clé de leurs droits et de leur légitimité à rester sur le territoire. « C’est une migration économique qui trouve sa source dans les discriminations subies en Roumanie. Là-bas les Roms sont appelés « la petite peste » et certains nous disent « au moins ici on ne nous jette pas de pierres ! », livre Catherine Vassaux. Il faut bien que les gens comprennent qu’on peut faire autant d’expulsions que l’on veut, ils ne vont pas disparaître. Notre ligne de mire est seulement de leur permettre d’accéder au droit commun. »

Beaucoup d’entre eux vivent de l’activité de ferrailleur ou de bifin, la récupération et la remise en état d’objets. « Certaines familles gagnent 80 euros par semaine. Elles doivent faire des choix au centime près. Pour elles, prendre un moment pour venir nous voir représente un investissement sur l’avenir car pendant ce temps, elles ne sont pas en train de faire les poubelles ou la manche.  » Area a notamment des partenariats avec Face Hérault et IAE34 pour ouvrir des voies vers l’insertion professionnelle.

Après trois mois sur le territoire, les ressortissants européens ont accès à la CAF, au logement social et à l’aide médicale d’Etat, mais les labyrinthes administratifs sont difficiles d’accès, et la discrimination a aussi la dent dure ici dans la rue ou derrière un guichet.

Hélène Gosselin