Recherche-action : amélioration des conditions de vie du bidonville de Zénith 2

L’association AREA intervient sur le bidonville dit “Zénith 2” depuis septembre 2016, dans le cadre d’un accompagnement social global des ménages (accompagnement éducatif et social : accès aux droits, médiation santé, médiation scolaire, accompagnement vers l’emploi, vers l’hébergement et le logement). Ce travail social est fondé  sur la mobilisation des dispositifs de droit commun, la libre -adhésion des personnes et des actions d’aller-vers sur les lieux de vie.

Contrairement à d’autres sites, le travail d’accompagnement vers l’insertion à travers des accompagnement individuel a du mal à prendre. Les conditions de vie, particulièrement précaires, sont un des freins identifiés qui empêchent les habitant.es de se projeter dans un parcours d’insertion. Le fait que les  rapports inter et intra-familiaux soient conflictuels est également un frein que le projet doit permettre de travailler.

Vous pouvez à ce sujet lire ici et ici le journal de terrain de Blandine, écrit pendant la première phase du projet. La proposition de stratégie territoriale de résorption des bidonvilles portée par les associations se trouve ici .

OBJECTIFS DU PROJET

  • A court terme : Amélioration participative des conditions de vie pour faciliter l’inclusion des personnes. Un lieu de vie sain et sécurisant permet aux habitant·e·s de se projeter dans un futur hors du bidonville.

Le travail collectif effectué avec les habitant.es pour travailler sur les conditions de vie est aussi un appui pour permettre des parcours vers l’insertion individuelle.

  • A moyen / long terme : résorption du bidonville à travers l’inclusion par le logement et le travail. Il ne s’agit en aucun cas de pérenniser le bidonville.

1er DIAGNOSTIC DU SITE DE ZÉNITH 2

LE SITE

  • Ce bidonville existe depuis 10 ans.
  • Un terrain mis à disposition par la municipalité : installation d’un système électrique, d’un point d’eau, de toilettes sèches. Ces installations ne sont plus fonctionnelles.
  • Un site isolé de la ville (des écoles, du centre-ville, accès aux transports en commun difficile)
  • Principales problématiques de salubrité :
  • Nuisibles
  • Problèmes d’accès à l’eau (et évacuation)
  • Accès à des sanitaires
  • Pas de source d’énergie stabilisée
  • Collecte des ordures ménagères
  • Sécurité de l’habitat (électrique + isolation) => fort risque incendie
  • Ce qui existe :
  • Des familles ont acheté des groupes électrogènes ou mis en place des branchements sauvages
  • Il y a toujours 1 point d’eau ouvert par la collectivité réparti en au moins 6 points d’eau par des tuyaux tirés par les habitant.es (fuites +++)
  • 2 bennes (pb du remplissage et de la collecte)
  • Latrines creusées par les personnes.

SES HABITANT·E·S

  • Environ 55 ménages (190 personnes) dont 47 enfants
  • Une présence en France depuis de longues années malgré les aller-retours (entre la France et la Roumanie, entre différents lieux sur le territoire français)
  • 2 villages d’origine : Transylvanie (Alba Iulia – capitale du département, et 2 petites villes : Blaj et Ocna Mures) et Barbulesti (agglo de Bucarest). Depuis la vie sur le bidonville, de nombreux mariages entre les habitant·e·s ont multiplié les liens familiaux.
  • Un nombre important de personnes s’inscrit dans une logique de mouvements pendulaires (6 mois en Roumanie / dans une autre ville française) Pendant ce temps la cabane est habitée par d’autres.
  • Activités économiques :
  • Emploi : dans 5 % des ménages un·e adulte au moins a accédé à un emploi en 2019 (essentiellement saisonnier ou intérim)
  • Mendicité (du fait de l’éloignement du site de la ville les activités d’éco-recyclage sont plus compliquées)
  • « sous-traitance » / exploitation ferraillage
  • Problématiques sociales :
  • Importance des phénomènes liées à l’usure (“camata”)
  • Pas de « collectif » fonctionnel
  • Nombreux conflits entre ménages.

Il est intéressant de relever que ce site semble considéré par les habitant·e·s des autres bidonvilles comme le lieu où des comportements qui seraient sanctionnés ailleurs sont tolérés. De fait, de tous les bidonvilles de l’agglomération, le Zénith 2 est le site le plus compliqué.

De fait, la municipalité a créé un groupe en orientant vers le site les personnes expulsées de différents bidonvilles. Ces personnes n’ont pas choisi de vivre ensemble ou ce ne sont pas leurs rapports de force qui ont permis la création du site. Aujourd’hui encore de nombreuses questions sur la légitimé de chacun·e(par rapport à une liste d’il y a 10 ans) est régulièrement posée par les habitant·es.

  • Conflits dans les ménages. La place de chacun·e n’est pas forcément claire.
  • Difficultés à prioriser
  • Difficultés à avoir un comportement socialement adapté
  • Enfance : difficultés dans la scolarisation
  • Problèmes de santé collectifs identifiés (MdM-AREA) :
  • Cercle vicieux : violences (dont violences conjugales) – addictions (alcool)

TRAVAIL SOCIAL

  • Intervention de bénévoles « free lance » (hors structure) depuis le début du site. Pas d’organisation structurée.
  • Intervention d’AREA depuis l’été 2016
  • Grandes difficultés dans le travail social : difficultés pour établir le rapport de confiance de l’équipe d’AREA , difficultés à comprendre la place de chacun·e (le rôle des TS, ce qu’ils font/ pas)
  • Depuis été 2018 : réelle augmentation du nombre de familles accompagnées. Augmentation du nombre de personnes qui trouvent un travail en lien direct avec des demandes de sortie du bidonville.

Tentatives de compréhension

  • Si les phénomènes anomiques évoqués sont présents sur tous les sites, leur importance à Zénith 2, ainsi qu’une   certaine   uniformisation   des   pratiques   dans   des   groupes   familiaux   qui   ne   se fréquentaient pas avant la migration laissent penser que la durée de vie sur ce lieu hors norme qu’est le bidonville participe à la déstructuration sociale des personnes.
  • La pratique de la mendicité depuis de nombreuses années vicie le rapport avec les personnes (travailleurs sociaux) extérieurs au bidonville.

Points d’appui

Les personnes évoquent très régulièrement la difficulté de leurs conditions de vie. Une réunion sur l’électricité a ainsi réussi à mobiliser la quasi-totalité de représentant·es des ménages.

LES ACTEURS ASSOCIATIFS

AREA

L’ Association Recherche Éducation Action est une association loi 1901 qui a pour objet la lutte contre les inégalités sociales et l’exclusion. Cet objet se décline à travers la réalisation d’actions concrètes en faveur de l’égalité des chances et une fonction d’expertise, notamment la réalisation d’études en sciences sociales.

Aujourd’hui AREA mène son projet sur les  bidonvilles :

  • Pilotage de l’observatoire départemental des bidonvilles de l’Hérault
  • Accompagnement social global, dont médiation scolaire
  • Recherche – action et expertise en sciences sociales

L’équipe d’ AREA comprend 6 salariés ainsi que des bénévoles, qui interviennent sur des actions ponctuelles ou plus régulières.

QUATORZE

Depuis 10 ans, l’association Quatorze mène des projets de développement local sur le territoire français comme à l’étranger. Mariant les aspects sociaux et spatiaux, nous portons une vision de l’architecture sociale et solidaire pour des territoires agiles et résilients. En tant que maîtres d’œuvre, nous travaillons à la co-conception et à la co-construction des espaces avec leurs usagers. En tant que formateurs, nous enseignons le développement durable, dans ses aspects environnementaux, économiques et sociaux. En tant que développeurs, nous menons des programmes centrés sur les questions de justice sociale.

Dans cette perspective, nous avons développé la méthode Weco, qui permet de travailler avec les habitants sur leur environnement direct, dans une optique de résorption pacifique des phénomènes de bidonville. Cette méthode a été utilisée, entre autres, à Metz, pour faciliter la résorption d’un bidonville de 50 personnes. Au sortir de 30 mois de projet, chacune des personnes a pu intégrer un parcours professionnel et résidentiel de droit commun. Voir : WeCo Metz Platz

Diagnostiquer l’état du bâti, autant que ses usages, pour en comprendre ses risques; concevoir et construire avec les habitants les espaces nécessaires à la sécurisation de leurs lieux de vie, pour appréhender le suivi social sur le moyen terme; travailler avec les acteurs concernés par la situation, qu’ils soient publics ou privés, pour faire émerger des solutions d’employabilité et de relogement. Voilà en trois points-clé les ressorts de la méthode Weco, que nous proposons de mobiliser sur la situation du Zenith2.

PROBLÉMATIQUES

Priorisation : proposition à confirmer par les habitant·e·s et les services techniques, sur la base du travail de diagnostic à mener sur site.

POINTS DE VIGILANCE

  • Le projet doit tenir compte de la logique de migrations pendulaires d’une minorité importante de personnes du site. C’est l’une des fonctions de ce bidonville que d’accueillir ce type de population.
  • Les associations ne sont pas chargées de l’organisation ni de la surveillance du site.

ÉTAPES ET MÉTHODOLOGIE

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