« Bidonvilles » ou « camps roms »?

AREA intervient sur les bidonvilles et non des « camps de roms »

Comme vous avez dû le remarquer, AREA n’utilise pas le terme de « roms » pour parler des personnes accompagnées. Nous parlons de bidonvilles, de précarité, bien sûr d’inégalités sociales et d’exclusion (la lutte contre les inégalités sociales et l’exclusion est l’objet de l’association) et jamais nous ne faisons référence à l’origine ethnique, réelle ou supposée, des personnes que nous accompagnons.

L’appartenance à la « romanité » n’est pas une clef de lecture des problématiques que nous rencontrons dans letravail social. Pour AREA le terme « rom » n’est pas significatif d’une identité telle que les personnes vivant en bidonvilles la revendiquent ou par laquelle ils se  caractérisent.

Par ailleurs, le relativisme culturel dont nous faisons très régulièrement l’expérience dans nos accompagnements (ex: « chez eux, les grossesses précoces, c’est culturel ») nous semble dangereux en ce qu’il peut conduire au racisme, même « bienveillant ».

Par ailleurs, en France, il n’y a pas de statistiques ethniques et la catégorisation de personnes sur la base d’une identité ethnique est interdite.

La notion de « camps » ou de « campement » fait référence à des réalités très diverses, des plus terribles aux plus bucoliques : les camps de concentration ou d’extermination, les camps scouts ; le mot « campement » pouvant faire appel aussi bien à un imaginaire de tribus autour du feu de « camp », qu’au camping.

La réalité du bidonville aujourd’hui ne correspond ni à un mode de vie ni à une « culture » mais à un pis-aller. Les personnes qui y vivent souffrent de leurs conditions de vie, sont habituellement sédentaires et les sites où elles s’installent ne se déplacent qu’à cause des expulsions.

Enfin, les familles que nous accompagnons sont toutes différentes : certaines travaillent, d’autres non, toutes font très attention à leurs enfants, la majorité les scolarisent. Au delà de leurs différences, ce qui les caractérise, c’est l’habitat précaire subi : le bidonville.

Les problématiques sociales auxquelles l’équipe d’ AREA est confrontée sont des problématiques transversales aux personnes en situation de grande précarité : le manque de confiance en soi et l’auto-dévalorisation lorsque l’on a pris l’habitude d’être invisible ou stigmatisé ; la difficulté de scolariser ses enfants lorsque l’on est dans la recherche de la subsistance quotidienne ; les grossesses précoces lorsque le seul avenir des petites filles est d’être mère et « femme de ».

Les bidonvilles en France ont une histoire, celle de la grande précarité aux faubourgs des villes. Nous avons encore en tête les images des bidonvilles des années 50, d’où est parti l’appel de l’Abbé Pierre. Cette réalité est de nouveau la nôtre, celle d’hommes et de femmes, d’enfants qui souffrent du froid, parfois de la faim, et dont les droits fondamentaux sont régulièrement piétinés.