Hérault : Une relative stabilité des bidonvilles – La Marseillaise

Un article de Julie Chansel.

L’Observatoire départemental des bidonvilles de l’Hérault 2018 vient de paraître. Il atteste la nécessité d’un accompagnement social global pour résorber ces habitats indignes.

En 2018 dans l’Hérault, 270 familles,soit environ 873 personnes, vivaient dans des bidonvilles,principalement situés à Montpellier. Sur ces lieux interviennent AREA (coordinatrice de l’Observatoire), La Cimade et 2 Choses Lune, des associations subvention­ nées par l’État , au travers de la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS, bran­che sociale de la Préfecture).

Ce troisième rapport de l’Observatoire présente un état des lieux quantitatif et qualita­tif des bidonvilles de l’Hérault (il n’y a pas de bidonvilles dans le Gard) et synthétise les pro­blématiques communes ren­contrées par les associations. Pour Catherine Vassaux directrice d’AREA, l’Observatoiremontre que «le travail social fonctionne )) : 90% des person­nes ont une couverture santé et 18% des  adultes travaillent.

«Cela peut paraître peu par rap­port à la population générale, mais nous partons quasiment de roCe résultat en 3ans est très important. » L’efficacité de­ puis 3 ans de l’ accompagne ­ ment social global dans son rôle d’insertion des personnes vivant en bidonvilles est dé­ montrée : «Sur des terrains ma­joritairement stables, le travail social, basé sur le principe de la libre adhésion, a permis à 60 ménagesdepuis 3ans de quit­ter un bidonville pour entrer dans un logement et 71des en­fants entre 3 et 16 ans sont scola­risés. »

Avancées et freins

Egalement dûs à la volonté des personnes accompagnées ces résultats encourageants sont ralentis par différents fac­teurs. Tout d’abord,par les con­ditions de vie:l’accès à l’eau est difficile – un point d’eau pour 200 personnes – 1’électricité n’est pas aux normes et s’avère dan­geureuse , la promiscuité est grande, il y a des rats, il n’y a pas de sanitaires, etc. Catherine Vassaux souligne aussi que, «comme beaucoup de précaires, les habitants des bidonvilles in­tériorisent le stigmate et se sen­tent illégitimes »pour accéder à un droi tfondamental , ou pour postuler à un emploi, pour s’as­seoir dans le tram, etc. Il y a aussi la dématérialisation des procédures administratives qui complexifie l’accès aux ser­vices publics : si cela touche tous les précaires, c’est encore plus difficile quand on n ‘est pas francophone et que l’on n’a pas accès à un ordinateur:« sins­crire à Pôle Emploi ou gérer son compte CAF devient impossible. » Enfin, les personnes vivant en bidonvilles -majoritairement des Roms- , subissent les méfaits de la «construction d’un discours politiquet dans une certaine mesure, journalistique, qui les associe à de «dan­geureux étrangers, pauvres de surcroît . Ce consensus incon­scient entretient un phénomène de rejet à l’encontre de person­nes qui n’aspirent qu’à une vie de Montpelliérains comme les autres.